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05/06/2013

" L'Eglise doit sortir d'elle-même... Quand l'Eglise se renferme, elle tombe malade"

Le message du pape François s'adresse aussi aux traditionalistes, comme le souligne l'homélie de l'archevêque de Ferrare au pèlerinage de Pentecôte ND du Poggetto) d'Italiens attachés à la forme extraordinaire du rite. Extraits des propos de Mgr Negri  :


<<  Le Saint-Père Benoît XVI, dans une intervention admirable lors de l’assemblée du Synode des Évêques sur la Nouvelle évangélisation, auquel j’eus l’honneur de participer sur son invitation personnelle, dit que l’Église ne naît pas par décision de la base, l’Église ne naît pas d’une quelconque assemblée constituante : l’Église naît de l’action de l’Esprit Saint, qui change le cœur des hommes et les identifie au Cœur même de Dieu. C’est l’Esprit du Seigneur crucifié et ressuscité, son regard sur la vie, sa façon d’appréhender l’existence, sa relation aux hommes ; c’est la nouveauté de son être et de son existence qui est passée de façon – comment dire ? – impétueuse, dans la vie d’une communauté qui était incontestablement en prière, en attente de lui, mais qui ne pouvait en aucun cas prétendre entrer dans le mystère de l’événement dont elle était spectatrice et devint protagoniste. L’Esprit change le cœur de l’homme, sa façon d’être, sa façon d’agir et sa façon d’appréhender l’existence. L’humanité du Christ se prolonge dans le monde. L’Église qui naît de l’Esprit se maintient dans l’Esprit, se communique aux hommes par l’Esprit. L’Église est le visage définitif pris par Jésus dans l’histoire.
Quant à nous, nous avons cette autre grande et tout aussi définitive hérédité : celle de
participer véritablement au mystère de l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Cette hérédité, nous la vivons pour de vrai dans notre vie de tous les jours, dans le bonheur comme dans le malheur, dans la santé et dans la maladie, dans la joie comme dans la douleur, ainsi que le proclament les acteurs de ce grand sacrement ecclésial qu’est le mariage. Je crois que cela situe la très louable initiative de ce pèlerinage, et de cette Messe, dans son contexte véritable.
Je souhaite, et vous souhaite, que cette célébration eucharistique le jour même de la Pentecôte serve à chacun de vous, comme j’espère cela m’a servi, pour retrouver l’ardeur des origines,
l’ardeur de la naissance de l’Église engendrée par l’Esprit Saint. La grandeur qui entoure la manifestation de notre mission sert à nous faire part de cette nouveauté et nous incite à ne pas la garder pour nous mais à la diffuser à tous les hommes.
J’ai participé hier à la Vigile de Pentecôte que le pape François a partagée avec plus de 150 000 jeunes des différentes réalités ecclésiales.
À un certain moment, le Pape a dit avec son style sincère et franc qui peut aller jusqu’à une dureté à laquelle nous ne sommes plus habitués : « L’Église doit sortir d’elle-même », elle ne doit pas se renfermer. « Quand l’Église se renferme, elle tombe malade. » L’Église doit s’ouvrir, non pas en abandonnant son identité mais pour vivre son identité, parce que le milieu naturel de l’Église, c’est la mission. Il convient donc que l’Église sorte d’elle-même pour aller vers les hommes, explorant toutes les périphéries de la vie de l’homme contemporain.
La Pentecôte vous assigne donc la mission ecclésiale. Elle vous confère l’insigne honneur d’être témoins du Christ ressuscité jusqu’aux extrémités du monde.
Elle vous fait générateurs, comme le dit saint Irénée dans un texte formidable, des fils de Dieu. Elle vous rend capables de faire des hommes les enfants de Dieu.
Il m’est déjà arrivé, lors de ces premiers mois de service épiscopal, de définir quels sont les termes de la vie et de la mission.
[...]
Le christianisme est un événement de grâce parce qu’il nous est donné tout entier et que personne ne peut dire « j’ai le droit ». Nous n’avions pas droit à la Foi. Nous n’avions pas droit à l’Incarnation du Fils de Dieu. Ainsi nous arrive-t-il quelquefois de rappeler à certains fidèles qui viennent demander, voire réclamer des sacrements, qu’ils n’ont aucun droit sur les sacrements. Les sacrements sont un don que l’Église a reçus du Seigneur Jésus-Christ et que l’Église confère à ceux qui sont dans la condition de les recevoir de façon adéquate. [...]
Cette grâce de l’Église, vous la vivez à la source de la Foi qu’est l’Eucharistie, la célébration liturgique. Par la prudente et grande miséricorde de Benoît XVI, vous la puisez auprès d’un des deux grands trésors de la liturgie de l’Église,
la liturgie traditionnelle. Celle-ci n’est pas une alternative à la liturgie réformée par le concile Vatican II mais exprime tout son caractère aux côtés de la liturgie réformée, en toute dignité, en toute liberté et en pleine responsabilité.
Benoît XVI l’a énoncé avec une clarté admirable dans le Motu Proprio. Il a voulu accroître la possibilité de vivre des richesses de la liturgie de l’Église et a demandé pour cela à toute l’Église, à commencer par les évêques, de se montrer respectueux de son intention d’augmenter les trésors de l’Église, en favorisant l’accès à ce bien antique à ceux qui en ressentent légitimement le désir et souhaitent le vivre pleinement pour la vérité de la Foi et de la mission d’aujourd’hui. Incontestablement,
le Pape a ainsi dépassé la fausse et inacceptable opposition entre l’ancien et le nouveau, rompant avec cette herméneutique de la discontinuité entre ce qui existait avant le Concile et ce que le Concile a annoncé, et ce que la mise en œuvre du Concile a douloureusement produit pour notre époque. Il y a une unique Église du Seigneur, à laquelle l’Esprit a donné de traverser des moments différents : le concile Vatican II a été un moment d’extraordinaire importance, même s’il a représenté un grand défi pour le développement de l’Église.
Vous utilisez donc cette liturgie, et je suis heureux que vous le fassiez dans ce diocèse dont je suis depuis peu l’archevêque.
Vous ne le faites pas contre quelqu’un ou pour affirmer des opinions mais pour vivre le mystère de l’Église selon la profondeur et la vérité que vous retenez avoir le devoir et le droit de pratiquer. […] N’ayez pas des opinions à défendre ou à opposer aux autres.L’archevêque de Ferrare et Comacchio n’est ni le gardien ni le propagateur d’aucune opinion que ce soit. Il n’a qu’une opinion : la vérité du Seigneur, l’Évangile, la Tradition de l’Église, le Magistère du Saint-Père et, en union avec celui-ci, son propre magistère.
[…] De ce fait, et je conclus, vous devez toujours rechercher la plus grande participation à la vie de la communauté ecclésiale. Cette pratique ne vous soustrait pas à la vie de la communauté et encore moins à la difficile mais belle réalisation de la communion ecclésiale.
[…] Notre première ressource est notre expérience de la Foi. Nous sommes tous membres d’une même Église et c’est pour cela que vous devez, y compris au travers de cette expérience belle et particulière [de la liturgie traditionnelle], chercher à vivre chaque jour d’avantage en tant que membre vivant de l’Église, participant à l’unique Sang et Corps du Christ, de sorte que grandissent en vous la Foi, l’Espérance et la Charité.
Je vous suis avec affection, je vous encourage sur votre chemin.
Je vous demande cette saine humilité que le pape François, avant même de la demander à son Église, manifeste chaque jour par sa simple présence et sa façon d’être.
[…] Maintenant, afin que votre chemin soit sûr et clair, embrassez la vérité, don du Seigneur que l’Esprit Saint fait à toute l’Église et que l’évêque conserve, protège et communique. Priez pour moi, pour cette charge peu légère que je porte et que j’ai acceptée au soir de ma vie, par obéissance au Vicaire du Christ qui me l’a demandé avec une insistance qui m’a interdit toute forme de résistance. Bonne fête à tous ! >>


(Source : Lettre de Paix liturgique. Les passages mis en gras le sont par notre blog).
 

 

Commentaires

BIEN DIT

> "la liturgie traditionnelle (...) n’est pas une alternative à la liturgie réformée" : bien dit.
La foi chrétienne étant tout le contraire d'une nostalgie, la foi chrétienne étant tournée vers le Ciel, le rite étant une façon humaine donc périssable de faire comprendre ce qui est éternel, l'Eglise n'est pas un musée (ni au contraire un défilé de mode !), ni un conservatoire culturel européen.
Des rites et des conciles il y en a et en aura d'autres.
Ca ne relativise pas leur sainteté ni leur autorité, ça ne montre que la vitalité de l'Eglise et son cheminement.

" Vous ne le faites pas contre quelqu’un ou pour affirmer des opinions mais pour vivre le mystère de l’Église (...) Il n’a qu’une opinion : la vérité du Seigneur, l’Évangile, la Tradition de l’Église, le Magistère du Saint-Père et, en union avec celui-ci, son propre magistère."
Magnifique !

@ PP : ça vient de Paix liturgique ?

EL


( PP à EL - Eh oui, ça vient de là. Ce qui ne signifie aucune connivence de ma part, comme on le devine ! ]

réponse au commentaire

Écrit par : E Levavasseur / | 05/06/2013

NE PAS SE PREOCCUPER DE LA FORME

> Sans vouloir porter une accusation globale, on peut soupçonner de la part de ceux qui suivent la forme extraordinaire de la liturgie un certain élitisme, une volonté maladive de se distinguer. Du genre : « Ma forme liturgique est supérieure à la tienne, donc je suis meilleur chrétien que toi ! »
Une attitude saine en matière de liturgie consisterait à se rendre à la messe sans davantage se préoccuper de la forme sous laquelle elle sera célébrée. L’essentiel, c’est la rencontre avec le Seigneur.
Blaise


[ PP à Blaise :
- Si le pape a donné un Motu proprio à ce sujet, ce n'était pas pour pousser les uns ou les autres au péché !
- On sait bien que le fameux "combat pour la messe" (?) a véhiculé des choses peu catholiques dans les franges ultra, mais le moins qu'on puisse faire envers le pape est d'accueillir ses décisions ! Dieu reconnaîtra les siens.
- Les saccageurs de la liturgie des années 1970 véhiculaient eux aussi des choses peu catholiques.
- Et la liturgie tridentine est splendide, même s'il faut (aujourd'hui) une sérieuse formation préparatoire si on veut suivre cette forme liturgique autrement que dans l'orgueil "identitaire" (c à d païen) !
- Sur le fond vous avez raison : le laïc qui élève des arguties de formes du rite dissimule souvent des mobiles peu évangéliques. J'ai reçu, ici même, des messages haineux de gens qui me reprochaient mon adhésion aux propos du cardinal archevêque de Paris sur le suicide de D. Venner ; suicide qui fut un sacrilège ; sacrilège qui n'apparaissait pas comme tel à ces défenseurs invétérés de la "messe-de-toujours" ! Là il y a quelque chose qui cloche.
- Mais ceux-là ne représentent pas la communauté des croyants légitimement attachés au rite tridentin, répétons-le. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Blaise / | 05/06/2013

@ Blaise :

> "on peut soupçonner" : mais personne ne nous a chargé de soupçonner !
"de la part de ceux qui " : et nous non ? seriez-vous en train de dire que nous sommes plus modestes que les tradis ? l'orgueil c'est les autres ?
Vous savez bien qu'en cherchant ce qui ne va pas, on trouve toujours.
Et nous qui suivons la messe dite de Paul VI, nous sommes facilement persuadés d'être plus ouverts, plus modernes, que les tradis ?
Honnêtement ?
le pape encourage à dépasser les griefs, merde à la fin !
"ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Eglise"

@ PP

> concernant le sacrilège de Venner, je partage votre avis (et votre expérience)
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Écrit par : E Levavasseur / | 05/06/2013

@ PP

Je n'ai pas attaqué le "Motu proprio" comme tel, ni émis de critiques à l'encontre de la forme extraordinaire; quant aux personnes, j'ai précisé que je ne voulais surtout pas « porter une accusation globale ».
Nous sommes d'accord sur la forme comme sur le fond.
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Écrit par : Blaise / | 05/06/2013

LE SACCAGE

> Etant né en 1981 n'ai pu connaître les années 1970. Les « saccages », quelle qu’ait été leur ampleur, n’auront duré tout au plus qu’une décennie. Une liturgie, de toute façon, et en cela peu importe son rite ou sa forme, n’a rien d’anarchique ou d’improvisé.
Vous parlez des « saccageurs » de la liturgie ; n’oubliez pas que c’est dans la même décennie qu’une partie considérable du patrimoine artistique des églises a été détruite par les prêtres. Pour les historiens de l’art, en particulier pour les dix-neuviémistes, les années 1970 sont une période sombre.
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Écrit par : Blaise / | 05/06/2013

OUF

> un peu plus : ça a commencé dès la fin des années 60 et s'est terminé pendant les années 80. Globalement bien sûr car ça dure encore ds certaines régions où les cathos ont du mal à être crus quand ils disent ce qu'ils vivent encore : cf "les célébrantes" du Poitou et/ou de Midi- Pyrénées...
Quoi qu'il en soit, c'est bien reparti maintenant, tenons compte du passé mais ne vivons pas là-dedans.
Personnellement, je considère que la décadence artistico-religieuse commence au 19e (voire 18e en musique avec les messes transformées en concerts) et je vois "l'art" sulpicien comme une catastrophe dans l'iconographie catholique et donc dans la transmission de la foi : l'entrée de la mièvrerie, du sentimentalisme.
La suppression des statues d'anges tête à claque et des cantiques XIXe niaiseux aux paroles à la Blanche Neige : ouf !
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Écrit par : E Levavasseur / | 05/06/2013

@ E. Levavasseur

> Je ne me pose pas en rivalité avec les « traditionalistes », ce qui me conduirait, comme vous le soulignez, à reproduire de façon symétrique et inversée l’état d’esprit que je reproche justement à un certain nombre d’entre eux.
Au fond, peu importe quel rite ou quelle forme du rite romain je pratique : je ne fais pas « mon » choix lorsque je vais à la messe. Le risque, réel, du côté des « tradis », c’est le désir de se distinguer de la masse des chrétiens ordinaires, et même de cultiver l’entre-soi. Demeurons lucides, voilà tout – et ne transformons pas l’évangile en guimauve.
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Écrit par : Blaise / | 05/06/2013

LE DROIT DES FIDELES

> "Ainsi nous arrive-t-il quelquefois de rappeler à certains fidèles qui viennent demander, voire réclamer des sacrements, qu’ils n’ont aucun droit sur les sacrements."
A confronter avec le Concile Vatican II LG 37 : "Comme tous les chrétiens, les laïcs ont DROIT ("jus habent") de recevoir en abondance des pasteurs sacrés les ressources qui viennent des trésors spirituels de l'Eglise, en particulier les secours de la parole de Dieu et des sacrements" (code de 1917 c.682)
A confronter avec le code de 1983 postérieur au Concile c.843§1 : "Les ministres sacrés NE PEUVENT PAS refuser ("negare non possunt") les sacrements aux personnes qui les demandent opportunément, sont dûment disposées et ne sont pas empêchées par le droit de les recevoir"
A confronter avec le droit du mariage des catholiques, à un point tel que Jean Paul II a refusé de faire de l'absence même de préparation au mariage (ce n'est quand même pas souhaitable !!!) une condition licite de refus de célébrer (Familiaris Consortio 1981 n°66)
On comprend bien, en contexte individualiste et libéral, l'opposition proclamée entre le don et le dû, pour éviter que les sacrements soient administrés et reçus hors de toute signification et de toute éducation spirituelles.
Cependant, le respect du droit dans l'Eglise et du droit des fidèles appartient aussi à la nature spirituelle de l'Eglise et des hommes qui la composent ; c'est d'ailleurs ce qui la différencie des groupements et démarches à caractère sectaire...
Voir enfin le petit discours du pape François sur la pastorale des sacrements, trop souvent à ses yeux conçue comme une "douane"...
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Écrit par : Père Christian / | 05/06/2013

UN BEL EXEMPLE

> Voici, en tout cas, un bel et fécond exemple d'herméneutique de la continuité entre les deux papes, récemment et actuellement en charge, que d'aucuns voudraient opposer: Mgr Negri, l'un des évêques les plus loyaux envers Benoît XVI et l'un des plus distingués par lui, s'adresse clairement à des fidèles en développant un thème très cher au pape François.
Mgr Negri ne fait pas le grand écart, on voit que tout s'harmonise fort bien et que tout cela est destiné à encourager des fidèles attentifs à ce que leur dit l'Eglise, et d'autant plus à l'écoute lorsqu'elle parvient, non pas à les flatter suivant les méthodes consuméristes, mais à être aussi claire et respectueuse que Mgr Negri.
Comme quoi, quand on a du respect pour les fidèles et l'authenticité de leur démarche: a) en encourageant et en balisant le chemin, b) en ne les méprisant pas comme des gens incapables d'être adultes et en essayant de les forcer à une "ouverture" équivalant au saccage des repères, comme on le fit dans les années 1970 (et après!), c) en évitant de les associer aux bataillons d'une nostalgie pas forcément chrétienne dans le fond, et qui voudrait les ouvrir au seul embrigadement contre ceci ou cela... comme quoi, il se produit de belles choses...
On me dira: "mais vous n'y étiez pas, en Italie, pour nous dire ce que cela a produit!" C'est vrai mais j'étais bien là, il y a quelques temps, quand un évêque français a réuni des forces vives de son diocèse et a demandé à un jeune prêtre, universitaire venu d'un diocèse voisin, de tenir des propos très comparables au sujet de l'anniversaire du concile Vatican II, du bilan qu'on pouvait dresser de son application inachevée, des perspectives qui s'en trouvaient ouvertes. Cela produisit beaucoup de réconfort et d'encouragements, notamment en commençant par évacuer tout ce qu'ont pu véhiculer les postures erronées résumées par b) et c), et en en invitant à une ouverture synthétisée par a).
Haec dies quam fecit Dominus exsultemus et laetemur in ea!
Bien sincèrement.
C.J.
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Écrit par : C.J. / | 05/06/2013

@ E Levavasseur

> Mon approche est celle d'un historien de l'art; je ne défends pas une esthétique particulière. Même si je reste sceptique quant à la décadence de l'art au XIXe siècle, je ne discute pas des goûts. Je vous rappelle cependant qu'une partie des œuvres détruites appartenaient à l'Etat.
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Écrit par : Blaise / | 05/06/2013

PATRIMOINE

> Malheureusement, la prise de conscience du désastre patrimonial qui s’est déroulé dans l’après-Concile ne s’est faite qu’après que d’importantes destructions aient été commises dans les églises et ailleurs. Je pense en particulier à la statuaire, profondément déconsidérée dans les années 1960 et 70.
Les galeries nationales du Grand Palais n’ont organisé leur exposition sur « La sculpture française au XIXe siècle » qu’en 1986 ; et la thèse que Bruno Foucart sur « Le Renouveau de la peinture religieuse en France (1800-1860) » est publiée seulement l’année suivante.
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Écrit par : Blaise / | 05/06/2013

@ Blaise,

> je me suis mal exprimé : si je me réjouis du déclin d'un art que je trouve mièvre, je ne réjouis pas que cette disparition se soit faite via des destructions (question de principe !)
Je sais bien pour ces destructions puisque n'étant pas dans les choux à l'époque et en plus habitant une région particulièrement active sur le tabula rasa des années 70, j'en ai vu. Destructions illégales comme vous le dites .
Combien de superbes tables de communion 17e ont disparu ! de calices ciselés pour la gloire de Dieu sous prétexte de "faire" pauvre (et pas d'être pauvre) : "pour Dieu rien n'est trop beau".
Tout cela en plus était illégal , aussi illégal que le clip d'Arielle Dombasle dans la chapelle du Val de Grâce (après Venner et les Femen, ça fait beaucoup) car là, on a l'impression que l'Eglise et les cathos ne comptent vraiment pour rien : on ne leur demande pas l'autorisation (alors qu'une chapelle, une église sont juridiquement "des immeubles par destination", donc religieux par essence)
http://www.lepoint.fr/societe/un-clip-d-arielle-dombasle-fache-l-eglise-05-06-2013-1676987_23.php

Pour le besoin de se distinguer, entre nous, c'est pr ça que j'ai pris mes distances depuis bientôt 25 ans avec le tradiland ; de plus, c'est plus visible chez eux, mais honnêtement ... enfin on obtient plus de résultat en ne clamant pas tout ça, sinon ça braque et c'est tout.
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Écrit par : E Levavasseur / | 06/06/2013

@ Blaise

> Si vous êtes bien historien de l'art comme moi, vous savez que le vandalisme clérical ne date pas de Vatican II, et que le concile n'a pas grand chose à voir avec le rejet de l'art du XIXe siècle. Heureusement, aussi, beaucoup des décors détruits n'avaient rien à voir en qualité avec ce que présente M. Foucart.
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Écrit par : Guadet / | 06/06/2013

M. Levavasseur,

> mes cours de droit sont un peu lointains maintenant, mais je doute fortement que les églises soient "juridiquement des immeubles par destination", notion qui n'a de mémoire absolument rien à voir : sans compter que, si on a besoin d'une destination pour devenir immeuble, c'est qu'on est meuble par essence, ce qui n'est évidemment pas le cas des églises. Mais s'il y a un juriste parmi nous, qu'il n'hésite pas à nous éclairer...
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Écrit par : Christian / | 07/06/2013

LE LIRE ET SE L'APPLIQUER

> Les gens de la "Lettre de Paix liturgique" qui citent ce texte, sans doute sans l'avoir lu (ou en ne retenant que ce qui leur plaît), feraient grand profit pour eux de le lire et de se l'appliquer, notamment ce que Patrice de Plunkett a mis en gras !
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Écrit par : Michel de Guibert / | 07/06/2013

A propos du tournage du clip d’Arielle Dombasle à la chapelle du Val de grâce le 4 juin 2013

> Communiqué de l’évêque aux armées
+ Luc Ravel, évêques aux armées, ce 5 juin 2013
Texte remarquable, allant bien au-delà du sujet qui l'a motivé !
" Ce mardi 4 juin 2013, un clip musical a été tourné à l’intérieur de la chapelle du Val de Grâce sans l’aval de l’aumônerie militaire. Je déplore les conditions de ce tournage et je ferai tout pour que la clarté soit faite autour des autorisations données et, en particulier, de la tenue à l’écart des responsables religieux. Beaucoup de personnes nous ont fait part de leur émotion et de leur blessure : je les partage totalement.
Par ailleurs, les plus hautes autorités militaires et civiles du ministère de la Défense ont été immédiatement prévenues et une enquête de commandement a été diligentée dès le mardi soir. Cette affaire est prise très au sérieux par tous. Je les en remercie au nom de tous les catholiques et de tous les croyants de quelques religions qu’ils soient.
Ce clip visait à mettre en scène la chanteuse Arielle Dombasle chantant l’Ave Maria sur fond d’église, entourée de moines et d’anges. Ces éléments ne montrent à notre connaissance aucun élément directement attentatoire à notre foi, à nos signes et rites sacrés. En tant qu’évêque, seul habilité par le droit à trancher sur ces faits, je n’y vois donc pas une profanation ou un blasphème, au contraire de ce qui s’est déroulé dans la chapelle de la base navale de Toulon au mois de décembre 2012. Toute prise de parole pour dénoncer les faits doivent, d’une part, éviter les procès d’intentions et, d’autre part, renoncer aux caricatures en cernant au plus près les faits.
En revanche, je déplore et condamne fermement deux manquements lourds de sens.
- Le premier, objectif, concerne les conditions du tournage largement décalées par rapport au sacré de cette chapelle malgré la vigilance des autorités militaires en charge du lieu. Si l’Eglise ne refuse pas a priori les demandes qui lui sont faites concernant un usage extraordinaire de ses lieux saints, elle n’en demeure pas moins gardienne de leur sens en toutes circonstances. Il ne viendrait à l’idée de personne de jouer au foot dans un cimetière même si les surfaces s’y prêtent. Pourquoi user d’une église comme décor de théâtre ? S’il est acceptable de filmer une cérémonie malgré les contraintes techniques, c’est en raison du bénéfice spirituel qu’en tireront des personnes absentes ou malades. Un tel tournage conserve le sens des lieux et des cérémonies. Mais il n’est pas acceptable que des sanctuaires vivants et priants servent à la promotion du show business ou d’une marque de parfum. Il existe des studios pour cela.
- Le second, subjectif, touche au processus de décision qui « oublie » aujourd’hui l’expertise et l’autorité catholiques, moi-même ou l’un de mes représentants. Oubli d’autant plus regrettable qu’il a été précédé d’un incident antérieur survenu dans cette chapelle, il y a quelques mois. Il ne s’agit pas de revendiquer une prérogative mais de tenir un droit. Le droit de l’ « usager » et le droit de l’expert. Si ce processus n’est pas correctement mis en place, on va cumuler les méfiances, accumuler les erreurs et envenimer un climat général par la suspicion et le mépris réciproques.
Ces deux manquements sont lourds de sens : ils désignent un état mental extrêmement périlleux pour l’avenir de notre vivre en commun en France. Quel est-il ? Inquiet des religions qui lui échappent, l’homme se trouve pourtant attiré par elles et il cherche à les instrumentaliser. Ainsi nos lieux sacrés fascinent : édifices uniques par leur puissante charge symbolique, ils deviennent le décor « nécessaire » d’événements sans aucun lien avec eux. Ainsi, hier, tel pense à se suicider devant l’autel de la cathédrale Notre Dame de Paris pour donner une portée prestigieuse à son geste. Aujourd’hui, telle femme songe au Val de Grâce pour élaborer une image d’infini à son chant. Demain, pourquoi pas ?, un autre se chargera de festoyer dans nos vases sacrés transformés en vaisselle de luxe, avec cette note d’interdit qui donne du goût à tout.
Cela rappelle une très vieille histoire, l’histoire du roi Balthazar, dont on trouve le récit dans le livre du prophète Daniel (Dn 5, 1 à 30). On y lit que Balthazar, roi de Babylone, au cours d’un festin et sous l’emprise du vin, « ordonna d’apporter les vases d’or et d’argent que son père Nabuchodonosor avait ravis au sanctuaire de Jérusalem pour y faire boire le roi, ses seigneurs, ses concubines et ses danseuses. » Les abus de pouvoir se retournent contre leurs auteurs. A peine avaient-ils commencé à boire, qu’une main mystérieuse se mit à écrire sur le mur de la salle. La peur les saisit tous mais seul le prophète pût comprendre l’inscription : « Dieu a mesuré ton Royaume et l’a livré. Tu as été pesé à la balance et ton poids se trouve en défaut. Ton royaume a été divisé et donné à d’autres (Mèdes et perses). »
Une nation s’affaiblit à se fondre dans l’irrespect du sacré, par jeu ou par intérêt. Car le respect est la force des nations. Et la source du respect, c’est l’humilité devant ce qui nous dépasse.

http://www.dioceseauxarmees.catholique.fr/17-diocese/actualites/1037-a-propos-du-tournage-du-clip-d-arielle-dombasle-a-la-chapelle-du-val-de-grace-le-4-juin-2013.html
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Écrit par : Michel de Guibert / | 07/06/2013

ON A EVITE LE PIRE

> Puisque la discussion glisse vers les destruction d'oeuvres d'art: oui, il y en a eu de tous temps, il parait qu'en Poitou, ce sont surtout les villages les plus déchristianisés qui ont gardé leur si belles églises romanes. Les autres les ont reconstruites en un néo-gothique parfaitement insipide pour nous.
Le néogothique, c'est Montalembert qui l'a imposé en Franche-Comté quand il était préfet du Doubs, à la place de la majestueuse architecture classique Comtoise. Tout le monde peut se tromper!
Mais le saccage des années 70 est moins excusable, survenant en un temps plus sensible à la conservation du patrimoine, il matérialisait parfaitement la volonté de rupture de certains. Heureusement que les églises d'avant 1905 appartiennent aux communes, nous avons évité le pire.
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/06/2013

@ Christian,

> oui, pardon : "immeuble A destination cultuelle" , "à" et non "par", vous avez raison.
On dit aussi "immeuble affecté au culte", "affecté à l'exercice du culte".
Un "immeuble PAR destination", c'est par exemple, l'autel, la statue dans une niche, qui sont des "meubles" qu'une mutation juridique a rendus "immeubles" par ce à quoi ils sont rattachés : ils font partie de l'ensemble de l'église.
En tous cas, il est clair que toute utilisation autre que le culte d'un immeuble à affectation/destination cultuelle, ne peut se faire sans l'autorisation de l'affectataire.
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Écrit par : E Levavasseur / | 07/06/2013

@ Blaise

> Oui, les défenseurs de la "messe tridentine" comme ils disaient, n'étaient pas toujours animés de bonnes intentions.
Mais justement, un avantage collatéral du motu proprio est de les obliger à sortir de derrière la paravent.
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Écrit par : Pierre Huet / | 07/06/2013

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